Annuel, semi-annuel, non-annuel… les explications !

En vous renseignant sur les killis, vous avez probablement déjà du entendre parler de ces trois termes : annuel, semi-annuel et non-annuel. Vous avez probablement une idée, mais qu’est-ce que cela signifie-t-il réellement ?

Les killis « annuels »

Les killis dits « annuels » , comme les Nothobranchius ou les Simpsonichthys par exemple, sont des poissons dépendants des saisons des pluies. Leurs biotopes (majoritairement des marres temporaires) ne sont en eau que durant quelques mois. Les poissons ont alors développé une stratégie de reproduction adaptée, permettant à chaque espèce de perdurer dans le temps.
Bien qu’ils soient capable de vivre quelques mois de plus en captivité, leur durée de vie dépasse rarement les 5 à 6 mois dans la nature.
Dès lors les premières pluies tombées, si les conditions sont favorables, les œufs éclosent. Les alevins doivent arriver à maturité sexuelle le plus rapidement possible (environ 2 mois), afin de pouvoir se reproduire à leur tour. Pour avoir une telle croissance, la nourriture doit être riche et abondante.
Au moment de la reproduction, les poissons vont frayer au niveau du sol, en s’enfonçant brièvement dans un substrat souvent boueux pour que la femelle y dépose ses œufs immédiatement fécondés par le mâle. Ils y resteront plusieurs mois, supportant la saison sèche à venir et attendant patiemment les prochaines pluies. Les œufs adoptent alors une stratégie appelée diapause. Si les conditions environnementales ne sont pas propices au bon développement de l’œuf, celui-ci se met en « pause » jusqu’à ce que les conditions changent et redeviennent viables. C’est ainsi que des œufs peuvent rester de longs mois (voir plus d’une année) dans le sol jusqu’à ce que les pluies abondantes fassent leur retour. La nature est aussi étonnante que bien faite, n’est-ce pas ?

Et en captivité, comment cela se passe-t-il ?

Cela n’est pas si différent !
Pour la ponte, il faut un support adapté. En général, vous utiliserez de la tourbe ou de la fibre de coco, contenue dans un récipient (aquarium sans sol). Le couple viendra s’y enfoncer pour se reproduire et y laisser les œufs.
Au bout de quelques jours, il faudra alors récupérer le substrat, et le laisser simplement humide et à bonne température, pendant plusieurs semaines. Le temps d’incubation va dépendre de l’espèce concernée et de la température d’incubation. Certains éleveurs d’ASA (Annuels Sud-Américains) gardent même les œufs au frigo pendant plusieurs mois ou années afin de provoquer une diapause.
Une fois l’embryon correctement développé et prêt à éclore, il est temps de « mouiller » les œufs. Mettez la tourbe dans un peu d’eau, et observez les alevins apparaître dans les minutes et heures qui suivent ! Nourrissez-les intensivement à base de nauplies d’artémias dès le sac vitellin résorbé, et repartez pour un cycle !


Les killis « non-annuels »

Vous l’aurez compris, nous allons maintenant parler d’espèces dont le mode de reproduction n’est pas conditionné par l’alternance des saisons. Les Aphyosemion, les Epiplatys, et bien d’autres genres sont considérés comme des killis « non-annuels ». Même si les saisons des pluies et les saisons sèches s’enchaînent, leurs biotopes ne se retrouvent jamais totalement asséchés. Les poissons vivent donc bien plus longtemps que des killis annuels : en moyenne entre 3 et 5 ans (parfois plus en captivité).
La reproduction est alors plus classique. Les oeufs, une fois fécondés, sont livrés à eux même, souvent accrochés à des végétaux, des racines, des pierres, et parfois transportés par le courant. L’incubation, nettement plus courte, se fait exclusivement en eau. Elle dure entre 10 et 15 jours, là encore suivant les espèces et la température.

Comment se déroule la reproduction en aquarium ?

En aquarium, deux possibilités s’offrent à vous.
La première, la reproduction dite « naturelle ». Les œufs sont pondus et déposés sur les plantes (le plus souvent) ou sur tout élément du décor. Vous laissez les œufs dans l’aquarium durant toute la période d’incubation. Ils écloront et vous verrez apparaître (si tout va bien) de minuscules alevins dans l’aquarium.
La seconde possibilité est de récolter les œufs. Pour cela, il vous faut un support de ponte manipulable : le fameux « mop ». Vous pouvez récupérer les œufs et les placer dans un petit récipient avec de l’eau (si possible avec les mêmes paramètres que l’eau de l’aquarium). Tout au long de l’incubation, retirez les œufs non viables (blancs) et faites des changements d’eau réguliers. Après 10 à 15 jours d’incubation, une fois l’embryon bien développé, les premières éclosions auront lieu. Nourrissez les alevins avec des nauplies d’artémias dès la résorption du sac vitellin.
Il est possible de faire l’incubation des œufs sur tourbe (très) humide, afin de mieux contrôler le développement et de provoquer une éclosion coordonnée d’œufs récoltés à quelques jours d’intervalle.

Notez tout de même qu’une diapause est parfois possible, si les conditions de vie ne sont pas propices. Il m’est arrivé d’avoir des naissances dans des aquariums où j’avais retiré les adultes et laissés à l’abandon, plus de 3 mois après.


Les killis « semi-annuels »

Et voici la troisième possibilité : un mélange des deux précédentes. C’est notamment le cas pour certains Fundulopanchax, dont les biotopes peuvent être soumis à des périodes de sécheresse plus ou moins longues.
Si la majeure partie du temps, les cours d’eau ne sont jamais à sec, il peut arriver que pendant une brève période (quelques jours, ou semaines tout au plus), leur lieu de vie soit asséché. Afin de pallier à ce problème, ils s’adaptent ! L’incubation des œufs peut se faire en eau, ou en milieu humide. Le temps d’incubation varie donc, suivant le processus, allant d’une douzaine de jours à 3 ou 4 semaines.

Comment faire en aquarium ?

La meilleure solution reste une incubation sur tourbe. Pour cela, disposez un fond de tourbe au sol de l’aquarium (sans aucun autre substrat). Les killis semi-annuels pondent au niveau du sol.
Siphonnez la tourbe tous les 15 jours par exemple, et laissez là humide, avec les œufs. Contrôlez leur stade d’évolution régulièrement. Une fois l’embryon bien développé, mouillez les œufs. Et magie…
Attention, la température aura un effet important sur la durée d’incubation, mais pas uniquement. Il semblerait que cela affecte également que le sexe-ratio. Incuber des œufs de Fundulopanchax sjoestedti à 20/22°C au lieux de 26/28°C (comme dans leur biotope), et vous aurez majoritairement des mâles…


En résumé

Annuel Non-annuel Semi-annuel
Rythmé par les saisons Oui Non Parfois
Temps moyen d'incubation 2 à 3 mois 12 à 15 jours 3 semaines
Type d'incubation privilégiée hors eau, milieu humide en eau hors eau, humide
Support/substrat de ponte Tourbe ou fibre de coco Mop (ou plantes) Tourbe ou fibre de coco
Sol de l'aquarium nu nu ou sol neutre tourbe ou fibre de coco (à siphonner)
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