Récit du voyage ADGP 2011

  1. Préparation du voyage
  2. L’heure du départ a sonné
  3. Douala
  4. La pêche
  5. Description de quelques biotopes
  6. Un jour, il faut bien rentrer…
  7. Le budget
  8. Anecdotes et bonus

1 – Préparation du voyage

La préparation d’un voyage de ce type ne se fait pas en une semaine, surtout lorsqu’il est le premier (d’une longue série je l’espère !). Outre les formalités administratives et médicales, il faut penser à un maximum de choses pour éviter un trop grand nombre d’imprévus sur place, car il y en a forcément !
Vous allez voir tout ce que nous avons pu préparer pour que cette expédition se passe le mieux possible.

Les objectifs du voyage

Définir des objectifs précis sur un premier voyage comme celui-ci n’est pas évident.
L’objectif principal est bien sûr d’en prendre plein les yeux et d’en garder le plus de souvenirs possible. Mais nous souhaitons évidemment découvrir les véritables biotopes dans lesquels vivent les killis que nous maintenons chez nous depuis plusieurs années.
La seconde motivation est de pouvoir ramener, non sans mal, des spécimens que nous auront pêchés nous même, en collectant un maximum d’informations. Et cerise sur le gâteau, que les souches ramenées perdurent dans le hobby !

Organisation, formalités et achats

Partir, oui ! Mais Quand ?

Pour répondre à cette question, il faut tenir compte de plusieurs critères. Tout d’abord, quel type de poissons voulons-nous ramener ? Fundulopanchax, Aphyosemion, Chromaphyosemion, etc. ?
Les saisons ne sont pas les mêmes qu’en France. Plusieurs périodes sont propices à la pêches aux killis. Les (semi) annuels comme les Fundulopanchax kribianus par exemple sont abondent en saison des pluies et disparaissent en saison sèche (disparition des marres et assèchement des ruisseaux).
La saison sèche est elle plus propice à la pêche des Aphyosemion, Chromaphyosemion et autre. En effet, le débit des ruisseau diminue et rend la pêche plus facile et les pistes sont accessibles pour la plus part en voiture.
Nous avons donc choisi le milieu de saison sèche, début Janvier. Les conditions sont idéales pour ce que nous souhaitons observer.
La seconde chose à prendre en compte, quand on est restreint au niveau budget, est la période creuse pour les compagnies aériennes.
En fonction de tout ça, nous avons décidé de partir le 31 décembre 2010 et de revenir dans la nuit du 15 au 16 janvier 2011.

Partir, oui ! Mais à quelles conditions ?

Pour aller au Cameroun, il vous faut :

  • les billets d’avion. C’est con, mais ça peut servir !
  • un passeport.
  • un visa. Attention, l’obtention du visa n’est pas forcément évidente. Pensez à avoir la confirmation d’une réservation d’hôtel sur place pour le début à la fin de votre séjour.
  • les vaccins. Seul la fièvre jaune est obligatoire en plus des vaccins français traditionnels. Cependant, il est conseillé de faire en plus les vaccins pour l’hépatite A et la fièvre typhoïde.

L’obtention de toutes ces « formalités » prend plusieurs semaines. Ne le faites donc pas au dernier moment !

Partir, oui ! Mais avec quoi ?

La saison sèche au Cameroun ne veut pas dire saison sèche en France. Le taux d’humidité est à saturation, et il fait entre 36°C et 40°C tous les jours (durant notre voyage).
Niveau vêtement, nous avons pris des vêtements les plus légers possible, clairs, et la plus part à manche longues. La chaleur et l’humidité ambiante sont difficilement supportables, mais c’est toujours mieux que les piqûres d’insectes en forêt ! Une bonne paire de chaussures de randonnée légères feront l’affaire. Niveau matériel : un gps, un combo pH-mètre/conductivité, appareil photo, produits anti-moustiques, moustiquaire, une trousse à pharmacie, une paire de cuissardes, de quoi pêcher (nous détaillerons plus loin) et bien sûr de quoi noter !

Voilà, vous êtes prêt ! Enfin presque…

Choix de l’itinéraire

Afin de ne pas être pris au dépourvu sur place, nous avons pré-établi un parcours journalier. Avec l’aide de J. F. Agnèse, nous avons répertorié les endroits qui peuvent nous intéresser, et essayé de les relier entre eux le mieux possible.
Au final, nous prévoyons des journée de 150 à 250Km, ce qui peu paraitre peu. Mais il ne faut pas oublier que nous sommes la plus part du temps sur des pistes, à rouler entre 5km/h et 50km/h et à être secoués en permanence. Les journées sont donc très longues, et fatigantes !
Le programme se décompose en blocs de 2 à 3 journées de pêche consécutives, suivi d’une journée de repos/visite. Nous resterons 3 ou 4 jours au même endroit à chaque fois, puis nous changerons de secteur.


2 – L’heure du départ a sonné

31/12/2010 – 06h30 – « Dringggggg !!! »

Jour J.
Dans 4 heures, nous sommes dans l’avion. Au programme : Bordeaux -> Paris CDC -> Douala. L’excitation est là, pas de soucis. L’aventure commence. Après avoir laissé nos compagnes et le cher Sam dans le hall, il est l’heure d’embarquer.

Après plusieurs heures de vol, nous voila à Douala, plus grande ville du Cameroun. Il est 20h20. Température extérieure supérieure à 30°C. Taux d’humidité à saturation. Pour faire simple, le ciel vous tombe sur les épaules !
Une fois nos bagages récupérées, la sortie de l’aéroport restera longtemps ancrée dans nos mémoires. Une horde de personnes se précipitent sur vous pour vous porter vos bagages (moyennent finances bien sûr) avec quelques fois une certaine agressivité, ou alors pour vous amener en taxi à votre hôtel, etc.
Cyrille nous ayant repéré facilement (merci Sam pour l’indication à Cyrille : « 3 petits blancs perdus »), nous partons, non sans mal, rejoindre notre hôtel « Le foyer du marin ».
Après avoir posé nos bagages, nous partons avec notre chauffeur de taxi attitré « Papadas » dans les quartiers vivants de Douala pour prendre un verre. Arrivée et nouvelle année obligent !


3 – Douala

Douala, ville portuaire, est la capitale économique du Cameroun, le principal centre d’affaires et la plus grande ville du pays. C’est le chef-lieu de la région du Littoral et du département du Wouri. Avec environ 2.5 millions d’habitants, Douala est la plus grande ville du Cameroun.
Située en bordure de l’océan Atlantique, au fond du Golfe de Guinée, à l’embouchure du fleuve Wouri, Douala est le plus grand port du pays, et l’un des plus importants d’Afrique Centrale.
La ville s’étend sur les deux rives du fleuve et il n’existe qu’un seul pont pour passer d’une rive à l’autre.
Le climat de Douala est de type équatorial, propice au développement des moustiques et, comme dans de nombreuses régions pauvres, au paludisme.

La vie citadine

La ville de Douala, capitale économique du Cameroun, compte environ 120 quartiers répartis en 6 arrondissements. Chaque quartier est en soi une ville dans la ville, et le passage d’un quartier à l’autre est net. On remarquera par exemple la présence de militaires ou agents de sécurité dans certains, ou encore les habitations en bois et tolle dans d’autres. Voici des photos des quartiers populaires (dont « Makepe Missoke »). On y retrouve souvent des marchés permanents.

La circulation en ville est compliquée si vous n’êtes pas habitué ! Il faut souvent avoir le coeur bien accroché. Nous avons pris les services d’un chauffeur durant toute la durée de notre séjour, et heureusement ! La ville grouille de taxi (jaune pour changer), mais surtout de deux roues ! A chaque carrefour, impossible de compter le nombre de motos. 200 ? 300 ? 400 ? Elles arrivent de tous les côtés…
Les voies à double sens se transforment la plus part du temps en 2*2 voies. Mais n’oublions pas le meilleur ami du chauffeur… le klaxon !
Voici quelques photos illustrant le trafic routier… normal !

Un moment de détente

Notre point de chute à Douala : Le foyer du marin. Petit hôtel charmant, avec un très bon rapport qualité prix. Le personnel est sympathique (notamment Angel alias Foudjo…) et le cadre y est agréable. En témoigne ces quelques photos, notamment la chambre, quelques heures avant le départ (cf les sacs dans le placard…) :


4 – La pêche

La pêche aux killis nécessite un matériel pointu, de haute technologie : – une paire de cuissardes – un filet s’apparentant plus à un tamis, de 80cm par 40… – un « sachet » plastique pour mettre les poissons !

Voilà, vous êtes prêt ! La photo résume tout ça.

Mais ne croyez pas pour autant que c’est gagné ! Le plus dur commence : avoir le coup de main pour les attraper ! Sans l’aide de Cyrille, nous en aurions ramené… une 10aine ? Après avoir bien observé sa technique, nous avons réussis à en attraper de belles quantités !
Et en insistant un peu, nous avons pêché des Pelvicachromis et pas mal d’autres poissons (Channa, Barbus, Hemichromis, Benitochromis, etc…)


5 – Description de quelques biotopes

Les killis se trouvent le plus souvent dans des ruisseaux peu large (de quelques cm à 2m environ). Ils vivent dans les zones plus calmes du court d’eau, hormis les Procatopus et Poropanchax qui aiment un peu plus de courant.

Je vais vous décrire quelques biotopes, classiques ou originaux, afin de mieux visualiser ces petits coins de paradis.

Un biotope classique au Cameroun : ADGP 11-01

Notre premier point de pêche est un biotope classique dans la zone côtière du Cameroun. Avant toute chose, voici une photo pour vous donner une idée :

Remarquez la diversité de ce cours d’eau : des zones « mortes », des zones ombragées, des zones au courant un peu plus rapide, etc. Tout est donc réunis pour avoir une belle surprise au moment de la pêche.

Tout au long du voyage, nous nous sommes efforcés de prendre un maximum d’informations sur la qualité de l’eau et de l’environnement. Retrouverez les différents paramètres à cette page.

Ce point de pêche est le premier d’une longue série. Et pour nos début, nous avons eu beaucoup de chance quant à la diversité de la faune présente. Nous avons trouvé les espèces suivantes :

  • Aphyosemion ahli
  • Benitochromis sp
  • Channa sp
  • Chromaphyosemion cf koungueense
  • Epiplatys infrafasciatus infrafasciatus
  • Pelvicachromis pulcher
  • Pelvicachromis taeniatus
  • Poropanchax stigmatopygus

Un biotope très particulier… : ADGP 11-22

Mais notre attention s’est porté sur une espèce en particulier : l’Aphyosemion franzwerneri.
Son ruisseau ? Environ 20cm de large, pour… 1cm de profondeur d’eau !!! Et sur 2 mètres de long, nous avons péché une trentaine d’individus. Extraordinaire !
Une fois acclimaté dans nos aquariums après notre retour, nous remarquons que ce poisson ne sait plus nager ! Il reste au fond, se déplaçant uniquement par à coups.

Plus d’informations ici.

Un biotope… basique : ADGP 11-33

Nous voila sur les pentes du Mont Cameroun, culminant à 4096 mètres. Un torrent d’un dizaine de mètres de large et d’environ 40 à 50cm de profondeur s’offre à nous. Nous trouvons du Chromaphyosemion poliaki en grand nombre, comme prévu. Mais la surprise est arrivé lorsque nous avons pris les paramètres de l’eau.
Ce torrent, à fort courant donc très oxygéné, descend des pentes volcaniques. Il est donc normal d’avoir un pH basique. Basique oui… mais avec une valeur de 8.88 pour une conductivité de 165µS ! Bon courage pour reproduire ça en chez vous !

Voici une photo du biotope dans sa partie calme, très plantée, servant de refuge aux Chromaphyosemion poliaki :

En plein milieu d’un flanc de colline, nous tombons sur une jonction de plusieurs petits ruisseaux, sous forêt. Les caractéristique de chacun d’entre eux diffèrent. Le pH varie de 5.35 à 6.15, de 26.5°C à 27.2°C, d’une eau claire à une eau ambrée, d’un courant quasi nul à moyen.
Nous trouvons plusieurs espèces à cette endroit, et certaines d’entre elles sont même présentes dans plusieurs ruisseaux, comme l’Aphyosemion ahli.

Plus d’informations ici.


6 – Un jour, il faut bien rentrer…

Après 15 jours passés au Cameroun, nous sommes à la fois content et triste de rentrer en France.
Triste car l’aventure prend fin, et ce fut une expérience hors du commun. Mais nous sommes également content car la fatigue commence à se faire ressentir, et les premiers poissons pêchés deviennent très maigres et fragiles !

Les préparations

L’heure du départ a malheureusement sonné. Il est temps de préparer les poissons pour le voyage. Cette étape nous a pris tout une demi journée, sous la direction de Cyrille. Un dernier changement d’eau, gonflage à l’oxygène, bien calé dans les valises, et c’est parti ! Parti ? Non ! Petit soucis de dernière minute : nous avons trop de poissons ! Deux valises ne suffisent pas. Il a fallut que Cyrille aille en acheter une pour y mettre quelques sacs.

La photo des sacs a été prises quelques jours avant le départ… la quantité a entre temps encore augmenté !

Après cette étape, une baignade s’impose. Un dernier bon repas et nous partons direction l’aéroport. A noter la crise de rire dans la voiture… « haaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa ». merci « Papadas » (désolé, je n’ai pas le son !).

Le retour dans le froid

L’aventure n’est pas tout à fait terminée… il nous reste une épreuve : l’aéroport ! L’animosité est la même que lors de notre arrivée, donc un dernier petit coup de stress. Après l’enregistrement des bagages, le « circuit infernal » commence : 1 poste de police, puis un second, puis un troisième, puis le portique de sécurité, puis encore la police… en oubliant pas la taxe d’aéroport… Nous arrivons enfin à l’embarquement. « Monsieur, vous êtes passé à la douane ? ». « Euh j’en sais rien, j’ai suivi le parcours ! ». « Donc vous n’y êtes pas passé. Ils vous attendent. Faites le chemin inverse, et vous descendez les voir. » Sans commentaires !
Après avoir « discuté » plusieurs dizaines de minutes, ils acceptent de me laisser partir, avec les poissons ! Et on recommence le parcours du combattant…
Une fois monté dans l’avion, nous étions soulagés. Le voyage fut long. Entre les repas et les turbulences, la nuit fut agitée et le sommeil impossible.

Nous arrivons à 6h du matin à Paris. température extérieure… 6°C ! AIE ! Ca aurait pu être pire, mais le choc était suffisant ! Changement d’avion, une petite heure de vol, et nous voilà à Bordeaux à 8h30. Une longue journée nous attend : acclimatation et diffusion aux personnes venant dans la journée.


7 – Le budget

Le budget est souvent une partie sensible ! Partant à 3, ce voyage nous revient approximativement à 3000€ par personne, tout compris. Vous trouverez le détail à cette page.


8 – Anecdotes et bonus

Un voyage comme ça est toujours rempli de souvenirs et d’anecdotes. Je vais vous en faire partager quelques unes !

Quelques paysages somptueux

Chutes d’Ekom Nkam, d’une hauteur d’environ 80m. Elles ont notamment servi de décor au film Greystoke avec Christophe Lambert.

Chutes de la Lobe. Ces chutes ont la particularité d’être unique au monde. Le fleuve se jette dans la mer directement par une série de cascades.

La Sanaga, quelques kilomètres avant l’embouchure du fleuve. La largeur est d’environ 1.5km. En saison des pluies les îlots sont recouverts ! Imaginez le débit…

Balade en pirogue sur la Lobe à destination de campements pygmées.

La plage de l’hôtel à Kribi

Le lac Barombi Mbo et ses cichlidés endémiques. Superbe lieux, avec quelques frayeurs pour y accéder…

Une histoire de voitures

Notre cher 4×4… qui a bien souffert pendant le séjour !!!
Au bout de 4 jours, voila la suspensions arrière gauche qui nous lâche ! Un moment épique pour la réparation… Jugez par vous même :

Les pistes semblent être en bon état. Seulement, on ne voit pas les trous ! La couleur de la piste est trompeuse. Il faut être vigilant en permanence… surtout lorsque l’on arrive près d’un pont ! Enfin.. un pont… ou plutôt ce qu’il en reste!

Enfin, une petite photo pour illustrer l’axe Yaoundé-Douala, considéré comme l’axe le plus meurtrier au monde. On se demande pourquoi…
Et j’avoue… nous avons eu quelques frayeurs !

Bonus… enfin ça dépend pour qui !

Voici quelques photos d’insectes et de petites bestioles en tout genre. Le pays regorge de papillons, de fourmis, de iules, etc.

Et voici Jon jouant les acrobates… enfin… essayant de jouer les accrobates ! La chute a parfois été rude !

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