La réalisation d’un premier aquarium dédié à la maintenance d’une espèce de killis amène beaucoup d’interrogations.
Ces quelques lignes devraient vous permettre d’y voir plus clair…
Le choix de l’espèce
Le choix de l’espèce avant la réalisation de l’aquarium est souvent primordiale. Suivant l’espèce choisie, la taille et l’agencement du bac peut varier. Les conditions de maintenance ne seront pas les mêmes entre une espèce annuelle et une non-annuelle par exemple.
Si vous n’avez pas encore d’idées précises sur l’espèce que vous pourriez maintenir, je vous conseille de regarder cette page qui pourra vous aider dans votre choix : « Quelques espèces faciles« .
Pour la suite de l’article, nous allons partir du principe que vous choisissez une espèce non-annuelle, classique, telle qu’Aphyosemion striatum, ou Fundulopanchax nigerianus par exemple.
L’aquarium
Les Aphyosemion ou les Fundulopanchax vont principalement vivre dans la partie basse, tandis que les Epiplatys vivront en partie haute.
Cependant, pour les plus avertis, les Poropanchax, Plataplochilus, Procatopus, etc. vivront plutôt au milieu de la colonne d’eau, et apprécieront le courant. Il faut donc adapter la taille de l’aquarium en fonction des besoins.

La majeure partie du temps, il est vivement conseiller de prendre un aquarium avec une surface au sol la plus importante possible, et avec une faible hauteur d’eau. Plus cette dernière sera grande, plus cela sera source potentiel de stress pour les occupants : une grande hauteur d’eau est favorable à la présence de plus gros prédateurs par exemple.
Le genre d’aquarium qui correspond bien est l’aquarium à tortue : généralement avec une bonne longueur et une faible hauteur.
PS : si votre aquarium a une hauteur trop importante, l’astuce peut être de ne le remplir qu’à moitié.
Pour un Aphyosemion, prenez par exemple un aquarium de 40x20cm ou 60x25cm (au sol), pour 20/25cm de hauteur max. Prévoyez un peu plus grand pour un Fundulopanchax. Ces dimensions pourront éventuellement être réduites avec de l’expérience.
Attention : l’aquarium doit être impérativement couvert. Le moindre interstice, même d’1cm², sera fatal tôt ou tard. Attention au passage de câbles par exemple.
Pour les bacs sans couvercles, une plaque de plexiglass peut facilement être découpée aux bonnes dimensions à l’aide d’un cutter, et posée sur des cornières préalablement collées (au silicone).
Le décor

Le décor est souvent minimaliste. Les aquariums destinés à la maintenance des killis sont rarement très esthétiques.
Avec les espèces conseillées pour débuter, il pourra être intéressant de mettre une racine de mangrove, dont les tanins seront utiles à l’équilibre de l’aquarium.
Sauf cas particulier, évitez de mettre des pierres. Et si vous devez en rajouter, assurez-vous qu’elles soient totalement neutres. Les killis aiment majoritairement une eau douce (voire très douce). Une pierre non neutre viendrait rapidement reminéraliser cette eau.
Le sol, vous l’aurez compris, doit être neutre si vous souhaitez en mettre. Il est tout à fait possible de s’en passer, mais pour débuter, là encore pour des raisons de stabilité, je vous conseille d’en mettre un. Les sols vendus sous le nom de « Sable de Loire » (et maintenant « Sable de rivière ») sont souvent neutres. Mais ce ne sont pas les seuls. Choisissez une granulométrie assez fin, mais pas trop, sous peine de favoriser l’apparition de cyanobactéries…
Fuyez les sols « Manado » ou dérivés qui ont une incidence énorme sur la minéralisation de l’eau, et attention aux sols riches en silice qui peuvent vous apporter une forte dose de silicates ! N’utilisez pas non plus de sol nutritif qui aura un impact sur votre eau.
Les plantes
Même si dans la majorité des biotopes, les plantes aquatiques sont absentes ou très peu présentes, les killiphiles mettent souvent plusieurs espèces végétales dans leurs aquariums, et ce pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, cela participe à l’équilibre de l’aquarium, souvent précaire avec une eau très douce et donc très instable. Ensuite, les plantes offrent de bonnes cachettes pour la ou les femelles qui peuvent être harcelées par le mâle. Enfin, elles sont un refuge pour de potentiels alevins, qui y trouveront en plus de la microfaune pour se nourrir.
La seule raison de mettre peu ou pas de plantes dans l’aquarium est si vous souhaitez récupérer les œufs. Vous y mettrez alors un « mop » à la place.
L’aquarium sera faiblement éclairé, sans substrat nutritif. Il faudra donc choisir des plantes faciles et peu exigeantes.
Voici quelques noms de plantes les plus couramment utilisées :

- Anubia barteri var. nana
- Microsorum pteropus (Fougère de java) et ses différentes sélections (« Windelow », « Trident », etc.)
- Différentes mousses comme la mousse de Java
- Ceratophyllum demersum
- Ceratopteris thalictroides
- Salvinia sp.
- Bucephalandra sp.
- Etc.
N’ayez pas peur d’en mettre une grosse quantité !
La filtration et les changements d’eau

La filtration doit être légère. Trop de courant peut déranger la plupart des espèces. Mais un petit courant de surface permettra également d’augmenter les échanges gazeux.
Le filtre idéal est un filtre exhausteur. Ils sont aujourd’hui très répandus, et sous diverses formes. Vous trouverez les classiques filtres exhausteurs en mousse fréquemment utilisés pour les bacs à crevettes, ou bien encore les filtres exhausteurs d’angle en plastique. Ce sont ces derniers que j’utilise.
Il vous faudra donc une petite pompe à air pour le faire marcher, ou un compresseur avec tout un circuit d’air pour ceux qui ont beaucoup d’aquariums.
Il est possible de se passer de filtration, dès lors où l’aquarium est suffisamment grand et peu peuplé. Les changements d’eau seront un peu plus fréquents. Et en cas de forte chaleur, pensez à rajouter un simple bulleur pour augmenter les échanges gazeux (et donc l’oxygène dissout dans l’eau).
Les changements d’eau n’ont pas nécessairement besoin d’être importants et fréquents. Il n’y a pas de règle prédéfinie, et c’est un peu au cas par cas, en fonction de la population, de la taille de l’aquarium, des paramètres recherchés, etc.
A titre d’exemple, je change l’eau 1 fois tous les mois ou tous les 2 mois, à raisons de 1/3 du bac d’apport en eau neuve. J’utilise l’eau de pluie à 90% (vous pouvez aussi utiliser de l’eau osmosée) et eau de conduite à 10%. Cela me permet de garder une eau faiblement minéralisée, avec une conductivité généralement inférieure à 100µS.
Notez qu’avec des eau faiblement minéralisées, le pH est instable, et varie au cours de la journée. Pas de panique, les killis s’en accommodent, tant que le pH n’est pas dans un extrême.
L’éclairage

L’éclairage doit être moyen ou faible, mais en aucun cas trop puissant. Les killis n’aiment que rarement une intensité lumineuse élevée. Leur fournir un éclairage trop intense les forcera à plus se cacher dans le bac.
Vous pouvez utiliser des éclairages LED, néons, spots ou lampes, si possible dimmables pour adapter la puissance.
A titre personnel, je préfère un éclairage autour des 6000/6500°K, pour avoir une lumière assez blanche.
En cas de lumière trop puissante et non réglable, n’hésitez pas à utiliser des plantes de surface comme la Salvinia pour tamiser la luminosité.
Pour la durée de l’éclairage, vous pouvez programmer un allumage pendant 10 à 12h par jour, ce qui correspond à la photopériode dans leur milieu naturel. Faites attention à ce que votre aquarium ne soit pas exposé directement aux rayons du soleil.
La nourriture

C’est un élément important pour une bonne maintenance et reproduction. Si les annuels demandent une nourriture vivante de façon quasi systématique, nourrir des killis non-annuels ou semi-annuels est moins contraignant.
L’idéal reste bien évidemment de la nourriture vivante, notamment pour booster la reproduction : larves de moustiques, Chaoborus, daphnies, drosophiles, artémias et nauplies d’artémias. Evitez si possible les vers de vases qui, suivant la provenance, peuvent vous amener pas mal de soucis…
Toutefois, la plus part des espèces mangeront sans difficulté une bonne nourriture en granulés. Je prends pour ma part un mélange de plusieurs produits de la marque BiofishFood (je précise que je n’ai aucune action chez eux !) : 30% Regular, 30% Forte, 20% Garlic, 10% Acai, 10% Matrine.
Ne nourrissez pas trop, en quantité et en fréquence, surtout les adultes. Vous pouvez nourrir les jeunes/alevins tous les jours avec des nauplies d’artémias (et faire les changements d’eau qui vont avec).
Voila… Vous êtes prêt pour vous lancer dans l’aventure killiphile et mettre en route votre premier aquarium !